Un crédit sans banque, c’est en effet possible ! Suites aux différentes crises financières et en cette période d’incertitudes économiques, les banques semblent de plus en plus frileuses à prendre le moindre risque. Or ce n’est pas parce que les banques ne veulent plus prêter qu’il n’existe plus dans l’économie, des épargnants capables de prendre ces risques afin de faire fructifier leur argent. Paradoxalement, ce n’est pas parce que les banques restreignent l’acceptation de prêt aux particuliers que la demande de crédit, n’existe plus.
L’alternative d’un financement proche et solidaire
Le financement de proximité
Pour emprunter sans passer par une banque, il existe et a toujours existé une solution de financement somme toute risquée mais pas seulement, il s’agit d’emprunter auprès de ses proches. Par peur de perdre la face, ou par peur de se voir opposer un refus, certaines personnes hésiteront à recourir à ce mode de financement alors qu’il est le plus souvent le plus simple mais également le plus sûr. Face aux risques encourus par rapport à votre situation financière, cet aspect vexatoire peut s’avérer superflu. Concrètement n’hésitez plus à faire le tour de vos proches, leur faire part par exemple de votre projet de création d’entreprise ou d’investissement, puis voyez qui serait prêt à tenter l’aventure à vos côtés. Si votre projet est fédérateur, si vous parvenez à le vendre et que vos proches croient en vous, cela peut tout simplement vous permettre de rebondir ! Quelque soit la raison de votre besoin de financement, vos intimes sont les plus à mêmes de vous aider dès lors qu’ils ont évidemment les moyens et l’envie pour ce faire.
Afin d’anticiper toute problématique à venir, veillez cependant à définir les modalités de cet emprunt (taux éventuels, montant ou périodicité des remboursements) voire signez un contrat de prêt (idéalement chez un notaire). Tachez de ne pas emprunter la totalité de la somme requise auprès de la même personne, sauf si le montant est vraiment faible. Idéalement, répartissez l’emprunt chez au moins deux personnes afin de diluer l’effort individuel de chacun des prêteurs.
Pour un simple besoin de trésorerie, une avance sur salaire auprès de votre employeur peut encore être sollicitée. Vous pouvez également recourir aux prêts sur gage issu du monopole des caisses de crédit municipal. Contre le dépôt d’un objet de valeur, un prêt vous est immédiatement accordé. A vous de rembourser par la suite cet emprunt afin de retrouver l’objet déposé en gage.
Le financement solidaire
Fort heureusement, il existe encore des personnes qui disposent d’une fibre financière solidaire et philanthropique. Les finances dites solidaires sont un ensemble d’institutions qui appliquent au secteur financier les principes de l’économie sociale. Elles font partie des finances éthiques puisqu’elles appliquent des règles éthiques aux opérations financières.
Ces organismes de financement fournissent des prêts ou investissent dans d’autres structures de l’économie sociale et solidaire (telles que les associations, les coopératives, etc.). Ils peuvent également s’adresser à des personnes exclues des circuits bancaires et financiers classiques. Ces bénéficiaires reçoivent de fait l’épargne de personnes souhaitant que leurs fonds soient placés dans une démarche de solidarité, acceptant par la même occasion d’en retirer une rémunération un peu moins élevée.
Différent du micro-crédit, ce mode de financement insiste sur la destination collective et non pas individuelle de l’épargne collectée. Le micro-crédit se base sur une notion d’échelle (« micro »), et non de qualité (« solidaire »), et se contente parfois d’être un palliatif individuel à l’exclusion du système bancaire traditionnel. Nous donnerons à titre d’exemple l’association française Finansol, qui vise à promouvoir la finance solidaire de manière générale.
Les CIGALES (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire) a pour principe d’utiliser l’épargne des adhérents de l’association pour financer des projets entrepreneuriaux locaux. Il s’agit de particuliers (5 à 20 par club) qui se réunissent chaque année pour décider quels projets ils accepteront de financer et selon quelles modalités. Les taux sont relativement bas toutefois, les investisseurs ont besoin d’un certain coup de cœur. Là où la banque se contentera d’analyser des chiffres et un potentiel économique, les CIGALES chercheront à soutenir des projets en lesquels ils croient. Cette solution de financement d’entreprise sans banque est souvent privilégiée par les entreprises sociales et solidaires, les SCOP, etc.
L’alternative d’un financement participatif
L’intérêt du financement participatif
Le financement participatif (en anglais crowdfunding) est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un grand nombre de personnes pour financer un projet. Ce mode de financement se fait sans l’aide des acteurs traditionnels du financement, il est dit désintermédié. L’émergence de plateformes de financement participatif a été permise notamment grâce à internet et aux réseaux sociaux. Cette tendance s’inscrit d’ailleurs dans un mouvement plus global, à savoir celui de la consommation collaborative.
Depuis quelques années, de par le développement de ce web social et participatif, des plateformes de crowdfunding dédiées aux entreprises se sont développées. Ces plateformes ont vocation à faire le lien entre des particuliers investisseurs et des porteurs de projets en quête de financement. En d’autres termes, grâce à ces sites de financement participatif pour entreprises, tous les internautes peuvent devenir des business angels, à leur échelle.
L’avantage des financements sans banque, c’est qu’ils profitent aussi bien :
- aux emprunteurs (entreprises, entrepreneurs ou simples particuliers) qui empruntent généralement plus facilement et à des taux intéressants,
- qu’aux prêteurs qui bénéficient de rendements nettement supérieurs à ceux offerts par les produits d’épargne classiques proposés par les banques.
Le fonctionnement des plateformes de crédits entre particuliers
Ces crédits en ligne ont le vent en poupe. Ces sites qui agissent comme de véritables plateformes regroupent les particuliers offrant des crédits et ceux qui en cherchent. Tout le monde y trouve son compte puisque celui qui va prêter de l’argent, va voir son investissement sécurisé, par le jeu d’une assurance souscrite via le site Internet, et va pouvoir prétendre à toucher des intérêts pour avoir ainsi prêter de l’argent à un autre particulier.
- Ces prêts sont souvent limités à de petites sommes d’argent, les très gros crédits demeurent encore à l’heure actuelle un monopole des banques, notamment pour des raisons d’assurance.
- La peur de l’arnaque au crédit reste vive, et il faut bien se renseigner sur la plateforme par laquelle on va passer pour son emprunt. De fait, assurez-vous toujours que votre interlocuteur soit agrée par l’Autorité de Contrôle Prudentiel (l’ACP) cela garantira la fiabilité de la transaction.
Il existe manifestement aujourd’hui de nombreuses alternatives au prêt bancaire pour financer vos différents projets.
Alexandra MALI
Juriste en droit des affaires
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