14 Août, 2015 - 14:25
Quelle soit issue de la crise mondiale ou de la simple évolution de notre civilisation, la marchandisation de la numérisation s’installe progressivement dans nos sociétés occidentalisées.
Besoin d’un conseil ? Demandez de l’aide à un professionnel Quelle soit issue de la crise mondiale ou de la simple évolution de notre civilisation, la marchandisation de la numérisation s’installe progressivement dans nos sociétés occidentalisées. L’ampleur de ce phénomène, facilité par les progrès de la communication électronique et numérique s’inscrit pleinement dans le concept tant décrié de la mondialisation. Que l’on y soit favorable ou pas, le constat est là. Nationalement, nous n’y échappons pas. La numérisation devient pécuniairement rentable. La guerre des taxis contre Uber témoigne de ces crispations évidentes entre différents modèles économiques. Les aspirations nouvelles de particuliers ou de plateformes centralisatrices se heurtent à celles de professionnels historiquement compétents. Progressivement dépossédés de leur situation monopolistique, l’avènement de ces nouvelles mentalités ou mouvement tels que « Do it yourself », temple de la débrouillardise prônent l’instauration d’une nouvelle culture. Voyons ensemble ce que peuvent nous procurer ces nouvelles alternatives désormais à notre portée.
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Un nouvel ordre technologique et économique
La formidable avancée technologique dans le domaine de la communication a permis d’autres progrès incommensurables. Les bouleversements technologiques et sociaux qui se produisent autour de nous constituent un phénomène historique d’une grande complexité et d’une ampleur considérable dont il revient à chacun d’en tirer parti. Certes, la marchandisation de la numérisation laisse entrevoir une part de destruction d’emplois. Au début du 20ème siècle, en France, 700 000 emplois du secteur hippomobile auraient disparus en vingt ans à l’heure du développement de l’automobile. On imagine aisément que les producteurs de foins aient protestés contre ces nouveaux véhicules. Il est fort probable également que les vendeurs de calèches se soient insurgés contre ces moyens de transport froids et mécaniques. Il n’en demeure pas moins que l’économie a probablement produit plus de richesse matérielle et scientifique ces cinquante dernières années que depuis le commencement de l’humanité. D’ailleurs, ne ressentez vous pas une accélération du temps ?
Rappelez-vous. Alors que la banque Lehman Brothers s’effondrait et emportait l’ancien monde dans sa chute, des petits génies, éparpillés un peu partout dans le monde ont expérimenté des façons inédites de consommer, fabriquer et échanger. Partage de voitures (Blablacar, Drivy), échange d’appartements (Airbnb, Home exchange), recyclage d’objets (Le bon coin, Ebay), alimentation en circuits courts de produits agricoles etc sont autant de révolutions que de déstabilisations d’un marché préexistant. Ces nouvelles pratiques avaient tout du système D. Quelques années plus tard, l’économie collaborative a changé d’envergure et favorise de plus en plus l’apparition de nouveaux modèles socio-économiques.
Consommation collaborative, production distribuée, finance participative, éducation et savoir ouverts. Ces mouvements nés de la rencontre de l’innovation numérique et sociale sont en effet les piliers d’une nouvelle économie. Les médias emploient indifféremment les termes de consommation collaborative ou d’économie participative pour qualifier des activités qui ne sont pas régies par les mêmes règles de fonctionnement. Or économie participative et consommation collaborative n’ont au départ pas le même sens.
Le concept d’économie participative vise à gérer les ressources le plus efficacement possible, grâce à l’autogestion. Planification étatique, hiérarchie au travail et profit sont bannis de ce modèle puisque les moyens de production y sont détenus par tous. Dans ce système, le modèle même de l’entreprise privée est revisité. La consommation collaborative vise quant à elle à maximiser la valeur d’usage des biens. Différents types d’activités entrent dans cette catégorie. La location d’objets de particulier à particulier, via une plate-forme web, en fait partie. A titre d’exemple, grâce au site Drivy, le propriétaire d’une voiture, qui utilise son véhicule pendant la semaine et le laisse au garage le weekend, pourra ainsi le louer à quelqu’un qui en aurait besoin le samedi et le dimanche. Le principe est le même sur le site de location d’appartements entre particuliers Airbnb. Dans les faits, celui-ci facilite un échange d’appartements à l’échelle planétaire.
Il est toujours difficile de mesurer l’impact des innovations et plus encore le temps qu’elles mettront à changer nos vies. Il semble toutefois évident que ce brassage universel de biens et d’idées qui ne cesse de s’intensifier et que personne ne semble en mesure de contrôler, transformera assurément et profondément notre civilisation par nos connaissances, nos perceptions et nos comportements.
De nouveaux comportements sociaux économiques
Cette métamorphose de notre société sans précédent et qui se déroule sous nos yeux engendre bon nombre de bouleversements. Concrètement, les plateformes en ligne ne sont pas tout. Sur le territoire national, les espaces de coworking, les FabLabs et les makerspaces fleurissent. Faisons ensemble un rapide tour d’horizon des principales répercussions de la marchandisation de la numérisation d’un point de vue sociologique.
Comme il a été vu précédemment, dans le système dit participatif, une foule poursuit un même objectif. De par le grand nombre de personnes qui participent au mouvement, elle parvient à l’atteindre. Grâce au crowdfunding, une multitude de personnes donnent de petites sommes d’argent pour financer un projet. Le crowdsourcing, qui permet de soumettre à la foule une idée, comme créer une nouvelle marque pour une entreprise, ou trouver le design d’un nouveau produit, fait aussi partie de ce système où la foule devient force de décision. Les centrales d’achat, où les consommateurs se réunissent pour acheter en groupe, aux fins de faire baisser les prix, peuvent a fortiori être intégrées à ce modèle.
A l’image des cafés de Saint-Germain-des-Prés où artistes, écrivains et intellectuels se retrouvaient dans un mélange créatif de travail et de convivialité, le coworking, est une forme de travail coopératif. Il est un type d’organisation du travail qui regroupe deux notions à savoir un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs encourageant l’échange et l’ouverture. L’idée à l’origine était de permettre aux travailleurs indépendants de ne pas rester isolés chez eux et de pouvoir trouver, dans ces lieux et à travers ces réseaux, un espace de socialisation comparable à celui d’une entreprise. Ces espaces de coworking répondent à l’accroissement rapide du nombre de travailleurs indépendants, qu’ils soient développeurs, concepteurs, blogueurs, architectes web, consultants ou auto-entrepreneurs. Cette communauté potentiellement précaire a eu besoin d’un réseau fort de solidarité et de partage pour pouvoir se maintenir et mutualiser des outils dédiés à cette nouvelle forme de travail.
Le fab lab est quant à lui un terme issu de la contraction de l’anglais fabrication laboratory, autrement dit, c’est un « laboratoire de fabrication ». C’est un lieu ouvert au public mettant à disposition toutes sortes d’outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets. Le fab lab s’adresse aux entrepreneurs, designers, artistes, bricoleurs, étudiants ou hackers en tout genre, qui veulent passer plus rapidement de la phase de concept à la phase de prototypage, pour aller jusqu’à la matérialisation du projet. Il regroupe différentes populations, tranches d’âge et métiers radicalement divergents et constitue aussi un espace de rencontre et de création collaborative qui permet, entre autres, de fabriquer des objets uniques aussi divers que variés. La plupart des acteurs économiques et politiques ne parviennent pas encore à s’approprier ces phénomènes inédits, en cours de développement et à rebours des modes d’organisation préétablis. Du côté des pouvoirs publics, les initiatives récentes comme le soutien à l’essor du crowdfunding demeurent bien timorées. Les récentes tensions au sujet de la légalité des services accusés de concurrence déloyale vis à vis des acteurs historiques révèlent un climat de confusion au sein même de nos institutions. A l’ère des plateformes et des communautés, il serait opportun d’éviter les contradictions qui entourent les réglementations économiques, fiscales et celles ayant trait à la propriété intellectuelle freinant le développement du secteur, puisqu’elles donnent l’image d’une atmosphère nationale hostile à l’innovation. Le droit a pour vocation d’encadrer voire d’influencer les comportements. Il serait grand temps qu’il clarifie en la matière son positionnement. En définitive, il ne sert à rien de s’interroger sur le bien fondé ou non de ces évolutions. Ce n’est pas un projet soumis à référendum, c’est une réalité qu’il convient naturellement de canaliser. Posez votre question à notre juriste !
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