L’absence injustifiée d’un salarié à son poste de travail est un comportement qui n’est pas si isolé qu’on pourrait le penser. Si certaines peuvent n’avoir aucune incidence pour le salarié, selon les contextes et l’importance de l’absence injustifiée, le salarié s’expose à des répercussions tant financières que disciplinaires qui sont loin d’être moindres.
Absence injustifiée : de quoi parle-t-on ?
Lorsque le salarié et l’employeur signent le contrat de travail qui régit leur relation, chacun s’engage à respecter les obligations qui lui incombent : le salarié s’engage à effectuer les missions pour lesquelles il a été embauché et l’employeur à le rémunérer pour ce travail.
Une absence injustifiée correspond à un moment, quelle que soit sa durée, au cours duquel le salarié devait être à son poste de travail, mais n’y était pas, alors :
- qu’aucune autorisation d’absence ne lui a été accordée
- qu’il n’a pas sollicité ses supérieurs pour s’absenter.
En pratique, dans le quotidien professionnel, les absences injustifiées renvoient notamment :
- à un abandon de poste (d’une journée à une heure, la qualification reste la même)
- à une prise de jour de congé ou de RTT « sauvage » (absence le matin même alors qu’aucun jour de congé n’a été déposé)
- à un retard important ou à un départ anticipé sans justification ni notification préalable
- à une absence non acceptée par l’employeur que le salarié s’accorde malgré tout
- à la prolongation non prévue d’une absence (cas d’un salarié qui ne reprend pas son poste après une période de vacances).
L’absence injustifiée suit le même régime que ce soit dans le cadre d’un CDD ou d’un CDI.
Absence injustifiée d’un salarié : c’est une faute
Une absence injustifiée n’est pas anodine. Elle est assimilée à une faute du salarié dans l’exécution de son contrat de travail. L’employeur le rémunère pour une prestation de travail qui nécessite un temps de présence sur le lieu de travail, et le salarié a acté le respect de ces règles en signant son contrat de travail.
Par conséquent, face à une situation de cette nature, en vertu de son pouvoir de direction, l’employeur peut :
- adresser au salarié une lettre de mise en demeure lui demandant de justifier son absence
- procéder à une retenue sur salaire correspondant aux heures de travail non-effectuées
- appliquer au salarié une sanction disciplinaire.
Cette sanction peut prendre la forme d’un avertissement, mais également d’un blâme, d’une mise à pieds, voire aller jusqu’au licenciement (tout dépendra ici des pratiques internes et managériales de l’entreprise, ainsi que du caractère récurrent ou non de ces agissements de la part du salarié).
A savoir : si le licenciement est engagé pour faute grave, le salarié ne bénéficiera d’aucune indemnité de licenciement.
Régulariser la situation
Les principes
Une absence reste injustifiée tant que le salarié n’a pas apporté à son employeur de justification liée à cette absence (certificat médical, attestation de retard ou d’annulation de transport, etc.).
Attention ! Il faudra en outre que le motif invoqué par le salarié soit reconnu comme valable par l’employeur.
Ainsi par exemple, un retard de deux heures pour panne de transport alors que le salarié réside à une vingtaine de minutes à pieds de son lieu de travail serait difficilement acceptable.
Une justification d’absence intervenant tardivement pourra par ailleurs être sanctionnée par l’employeur. Pour rappel, la transmission d’un arrêt maladie à l’employeur doit être effectuée dans les 48 heures.
Le conseil
En cas d’absence non prévue, par souci de préserver le bon fonctionnement de l’entreprise, il est conseillé au salarié d’informer son employeur préalablement à la transmission des justificatifs adéquats (ex : le salarié qui se réveille malade peut appeler son supérieur en informant qu’il prend rendez-vous chez le médecin et qui lui transmettra, le cas échéant, l’arrêt maladie dans les délais imparti).
Les litiges relatifs à une absence injustifiée
Les litiges liés à une situation d’absence injustifiée pourront être portés devant le Conseil des Prud’hommes. Toutefois, avant d’en arriver au stade du contentieux, employeur et salarié devront éclaircir la situation en cas de divergences de points de vue.
Une absence injustifiée d’une journée coïncidant avec un jour de congé déposé par le salarié peut ainsi correspondre à un malentendu sur la validation de l’absence. De même, certaines absences sont considérées comme acquises en l’absence de réponse de l’employeur et ne sont donc pas sanctionnables (exemple : congé de paternité, congé individuel de formation « CIF », etc.).
Dans un autre registre, le recours au droit de retrait en cas de danger grave et imminent dès lors qu’il est justifié, ne peut entrainer ni de sanction, ni de retenue sur salaire.
Absence injustifiée et démission
Une absence injustifiée ne peut être considérée comme une démission. La démission ne se présume pas : cela signifie que le salarié qui démissionne doit faire connaître sa décision de façon claire et formelle, notamment par l’envoi d’un courrier de démission à son employeur.
Si le salarié ne donne aucune nouvelle, ce sera à l’employeur de rompre le contrat de travail, en recourant au licenciement et de respecter la procédure en la matière. Il n’y a pas de règles entre le nombre de jours d’absence et le lancement de la procédure de licenciement par l’employeur.
En fonction du contexte, ce dernier décidera de sa propre initiative, du moment pour engager la rupture du contrat. Ce point pourra être problématique lorsque le salarié est en situation d’abandon de poste pour intégrer une nouvelle entreprise ! En effet, tant que le contrat de travail perdure, aucun nouveau contrat ne pourra être signé par le salarié…
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